J’appréciais jusqu’à maintenant David Brécourt dans des comédies et ma curiosité m’a poussé à venir le voir jouer dans un autre registre avec la pièce ‘En ce temps là, l’amour’ de Gilles Ségal.
Un homme que nous appellerons Z. vient d’être grand-père. Ce changement le décide à enregistrer sur un magnétophone des souvenirs marqués au fer rouge dans sa mémoire : une rencontre si particulière avec un père et son fils dans un wagon qui les emmenait vers un camp d’extermination durant la guerre. Les mots ont du mal à sortir de la bouche de Z., on sent qu’il revit ce qu’il a vécu : ce père créé une ‘bulle’ au milieu du chaos, pour transmettre à son fils de 12 ans, ses valeurs et tout ce qui aurait pu faire de lui un homme.
Ce récit initiatique est riche en émotions de tout poil : il y a des pointes d’humour et des fulgurances poétiques qui se dégagent de ce texte ciselé et qui donnent à la pièce une force profonde. On ne ressort pas indemne de la petite salle des Mathurins tellement nous sommes bouleversés. Cette histoire des transmission est intense et la preuve d’un amour paternel inconditionnel qu fait tout pour protéger son enfant et le laisser vivre normalement et non dans la peur alors qu’ils filent vers la mort. J’avais la gorge serrée d’émotion à la fin.
La mise en scène efficace de Christophe Gand sert à merveille ce texte et les lumières de Denis Koransky sont parfaites pour nous plonger dans l’histoire. J’ai découvert une nouvelle facette de David Brécourt : il est fantastique dans son interprétation.
Vous ne pouvez pas rester de marbre devant ce bijou.
Aux Mathurins jusqu’au 1er Décembre 2019.