Epoustouflant, c’est le premier mot qui me soit venu à l’esprit à l’issue de la représentation de ‘Construire un feu’ Et à plus d’un titre : d’abord vouloir reproduire les espaces glacés du Nord sur le plateau du Studio, c’est très réussi notamment grace à des caméras qui filment et projettent sur un écran un paysage maquetté avec soin.
Ensuite, il y a cet univers propre à Jack London que j’avais en souvenir de mes lectures scolaires : une ambiance où on se sent transi par le froid et là encore je frissonnais en regardant ce chechaquo (un homme qui passe son premier hiver dans le Klondike) marcher et se battre contre le gel. Là encore les caméras interviennent : des gros plans de lui en train de peiner dans la neige puis de lutter contre le froid intense. J’ai souffert avec lui.
Enfin il y a la solitude de l’homme et toute la narration qui l’accompagne : sur la scène, il sont trois. L’homme silencieux concentré sur sa marche, le chien qui l’accompagne et la narrateur qui semble vouloir souffler des idées à l’homme et lui insuffler du courage, il tourne autour de lui.
Ces trois personnages sont incarnés par Alexandre Pavloff, Pierre Louis-Calixte et Nazim Boudjenah qui sont parfaits et servent le texte avec force.
La mise en scène de Marc Lainé (qui est aussi le scénographe et le responsable des costumes) est totalement sous controle, le dispositif des caméras visibles sur le plateau est fabuleux et la vidéo sert parfaitement la pièce, tout est maitrisé. Paris réussi donc pour avoir laissé le Grand Froid s’engouffrer avec bonheur sur la scène et servir la nouvelle de ce merveilleux conteur qu’est Jack London.
Je recommande vivement ‘Construire un feu’.
Au Studio de la Comédie Française jusqu’au 21 Octobre 2018.
De Jack London, mise en scène, scénographie et costumes de Marc Lainé.
Avec Alexandre Pavloff, Pierre Louis-Calixte et Nazim Boudjenah
© Vincent Pontet, coll. Comédie-Française