
Au Pérou, à Lima, la Périchole, une chanteuse de rue et son amoureux Piquillo, sont pauvres et meurent littéralement de faim. Alors qu’elle est endormie, à l’écart de son amant, le Vice-Roi du Pérou, passant par là incognito et ébloui par sa beauté veut en faire sa favorite. Mais pour l’installer en son palais, il faut absolument que la belle soit mariée pour sauvegarder les apparences…
La salle Favart propose la Périchole de Jacques Offenbach mais revue à la sauce Valérie Lesort qui nous livre une relecture lumineuse, colorée et pétillante. En forçant le trait sur « l’Espagnolade » avec des couleurs vives et des costumes dignes d’un dessin animé : les costumes de Vanessa Sannino sont incroyables, la metteuse en scène joue à la fois sur l’opéra bouffe et sur la farce : ça fonctionne parfaitement ! Il faut passer le choc visuel de la première minute qui nous sidère pour plonger avec délice dans cette Périchole où le maitre mot est l’exubérance de tout, mais savamment dosée, cet excès ne nuit en rien au déroulé de l’histoire. C’est un triomphe auprès du public qui rit beaucoup et ovationne longtemps la troupe à la fin du spectacle.

L’Orchestre de chambre de Paris, sous la direction dynamique et maitrisée de Julien Leroy, entame sa partition avec un entrain communicatif nous proposant une version au son équilibré, subtil et pourtant très expressif.
Stéphanie d’Oustrac s’empare du rôle titre avec un enthousiasme plus que convaincant, sa voix est magnifique, puissante et modulée juste comme il faut. Elle reflète les émotions avec justesse : elle est superbe dans la scène de la prison. Piquillo, c’est un Philippe Talbot en grande forme, qui restitue pleinement la naïveté et la candeur du personnage avec une voix qui répond présente dans les moments forts en émotion (dans la prison aussi).

Le grec Tassis Christoyannis est le Vice-Roi du Pérou, tantôt tyrannique, tantôt amoureux de la belle Périchole. Sa voix joue à merveille avec les deux facettes de son personnage. Son autorité de Vice-roi est assurée par un duo (comique) de nobles Don Panatellas (Eric Huchet) et Don Hinoyosa (Lionel Peintre) dont les gags émaillent la pièce. Ils sont forts drôles !
La surprise de ce talentueux casting vient de Thomas Morris qui cumule trois rôles : le premier notaire, Tarapote et le prisonnier. Il réussi le tour de force d’avoir trois voix parlées avec un timbre différent pour chacune. Nous avons été bluffés de découvrir que ses rôles étaient joués par une unique personne.
Bref une Périchole déjantée qui met de la bonne humeur dans nos cœurs.
A noter que nous avons assisté à une séance ‘relax’ : « Une représentation inclusive et accueillante pour les personnes dont le handicap peut entraîner des comportements atypiques et imprévisibles pendant la représentation. » . Nous soulignons cette belle initiative et espérons qu’elle se propagera.
A l’Opéra-Comique jusqu’au 25 mai 2022.
