
Voici un roman inspiré d’une histoire vraie qui s’est déroulée en Lorraine en 1956 : l’affaire du curé d’Uruffe.
On découvre grâce à la plume d’Arnaud Zuck, les évènements qui se sont produits dans une paroisse de campagne. Avec un récit reprenant un fait divers glaçant mais romancé juste comme il faut, nous rencontrons un personnage particulièrement charismatique qui donne l’envie d’aller à l’église à tous les villageois de sa paroisse.
La Lorraine se remet doucement des ravages infligés par la Grande Guerre et dans le petit village de Marchiennes, le vieil abbé vient de mourir. C’est l’occasion pour l’évêché de Nancy de se débarrasser du jeune père Breger qui est déjà sous le coup d’une plainte d’un précédent village pour sa conduite légère avec une paroissienne.
Breger est donc un jeune abbé, beau et charismatique, il conduit une belle voiture… Il va redynamiser la vie du village en s’impliquant dans sa vie et sera adulé par ses fidèles. Mais le prêtre est trop beau pour être honnête, son coté obscur va reprendre la main pour l’entrainer dans une direction irréversible.
La vie semble rude mais juste dans cette campagne si parfaitement décrite par l’auteur, on s’y croirait ! Une véritable plongée dans le passé : on visualise sans peine le lavoir (ce lieu idéal pour échanger des ragots), la mairie, la sacristie,… et les évènements qui rythment la vie : la messe, la fête des vendanges, les fêtes religieuses,… Si l’Aube du Diable était un film, ce serait nécessairement Gérard Philippe qui incarnerait Henri Breger (il n’est plus de ce monde certes mais la magie de l’imagination est puissante). Tout le talent d’Arnaud Zuck réside d’une part, dans cette capacité à nous entrainer dans ce monde qu’on voit comme si on y était et d’autre part, à nous faire suivre le machiavélique abbé sans aucune résistance.
Ce livre est très prenant, car le charme de Breger agit aussi sur le lecteur qui n’a guère envie de quitter sa lecture même si on sent l’inévitable arriver, on s’accroche au bel abbé et quand sa vraie nature diabolique se révèle, on est soufflé par la violente révélation.
A lire sans modération !
L’Aube du diable d’Arnaud Zuck, Editions Ex Aequo, Collection Hors Temps, 296 pages