J’avais de grosses attentes pour cette cinquième pièce d’Alexis Michalik, non seulement je n’ai pas été déçue mais en prime j’ai aussi été surprise car l’auteur sait se renouveler : finies les histoires à tiroirs qui ont été tissées avec beaucoup de talent, nous voilà dans une histoire linéaire (ah je vois déjà quelques fâcheux qui vont dire que ce n’est plus le style Michalik et qu’il cède à la facilité ! Mais franchement ce changement nous montre justement que son talent s’exprime aussi avec des histoires linéaires riches en émotions).
La pièce s’appelle ‘Une histoire d’amour’ mais en fait nous allons assister à plusieurs histoires d’amour (au sens large du terme) : deux femmes, une mère et sa fille, un frère et une sœur, un oncle et sa nièce.
L’histoire : Justine et Katia s’aiment. Ce couple souhaite avoir un enfant. Elles essayent par insémination artificielle… Et seule Katia tombe enceinte. Mais Justine disparait de sa vie peu de temps avant la naissance de Jeanne… Nous retrouvons les protagonistes 12 ans plus tard, Jeanne est devenue une adolescente à la maturité intense. Sa mère Katia est mourante et il y a son oncle William qui n’est pas vraiment recommandable.
Suivre le destin de ces personnages est un plaisir, nous sommes emportés par le tourbillon de leur vie.
Là où on retrouve ‘la patte’ Michalik, c’est dans la mise en scène toujours d’une grande fluidité avec des éléments de décors (de la talentueuse Juliette Azzopardi) sur roulettes qui sont bougés la plupart du temps par les comédiens eux-mêmes et les judicieuses lumières d’Arnaud Jung. Cette fluidité qui donne un coté cinématographique à l’ensemble comme si nous assistions un long plan séquence. Les dialogues sont ciselés, la chanson du début est très sympathique et mériterait une reprise à la fin du spectacle.
L’émotion est présente tout au long de la pièce. Personnellement, j’ai ri et souri beaucoup alors que d’autres ont plutôt pleuré. La fin m’a laissée la gorge serrée d’émotion car l’adolescente qui joue Jeanne possède une présence impressionnante et sa relation avec William prend un virage d’une intensité inattendue.
Le casting (Pauline Bression, Juliette Delacroix, Marie-Camille Soyer et en alternance pour le rôle de Jeanne : Lior Chabbat, Violette Guillon et Amélia Lacquemart) est sans faute et il y a en prime le plaisir de voir Alexis Michalik sur scène.
Je vous recommande cette soirée qui fait du bien. Label R42 largement mérité !
A la Scala, jusqu’au 11 novembre 2020.