Au théâtre de la Bruyère sont proposées deux pièces à la suite l’une de l’autre « Tempête en juin » puis « Suite française », tirées des deux tomes existants du roman ‘Suite française’, d’Irène Némirovsky, adaptées et mises en scène par Virginie Lemoine et Stéphane Laporte. Les deux pièces peuvent se voir de façon indépendante mais pour les avoir vues à suite l’une de l’autre, c’est un moment intense que je recommande. Nous parlons donc de la seconde pièce « Suite française ». (Pour le premier tome, c’est là : https://r42culturegourmande.com/2019/10/08/tempete-en-juin-2/ )
1941 : après la débâcle, c’est l’heure de l’occupation allemande. Quelque part en Bourgogne, Bruno Von Falk, officier de la Wehrmacht emménage chez Madame Angellier, propriétaire terrienne, dont le fils, militaire, a été fait prisonnier. Elle vit avec sa belle-fille Lucile et une servante. Déjà que Madame Angellier n’était pas à prendre avec des pincettes, comment va-t-elle réagir à l’intrusion d’un jeune et bel officier représentant l’ennemi qui la prive de son fils chéri ? Et Lucile, déjà malmenée par sa belle-mère, qui était trompée par son mari dès le lendemain de son mariage, comment va-t-elle réagir ? La situation est déjà bien tendue dans la maison de Madame Angellier, quand un acte de résistance se produit dans le village… Les masques vont-ils tomber ?
Tout comme dans « Tempête en juin », l’écriture est précise, voir incisive, il faut dire qu’Irène Némirovsky écrit sur le vif entre 1940 et 1942. L’adaptation de Virginie Lemoine et Stéphane Laporte reflète parfaitement la nature profonde des hommes dans la tourmente, le meilleur comme le pire, le plus valeureux comme le plus vil. Une mise en scène qui sert l’histoire tout comme la musique de Stéphane Corbin, les lumières de Denis Koransky (la même équipe que « Tempête en Juin » évidemment !).
Les comédiens sont tous parfaits, chacun dans son rôle : Béatrice Agenin, cette femme en noir, en deuil de son fils qui vit fort mal l’installation de l’ennemi sous son toit.
L’ennemi est joué par Samuel Glaumé, il joue à merveille l’officier à qui il devient difficile de résister tant son charme opère avec efficacité.
Car oui elle a du mal à résister la belle-fille de Madame Angellier, c’est Florence Pernel qui est tiraillée entre son cœur et la raison impérieuse qu’est la guerre et son jeu est tout en nuance.
Guilaine Londez est excellente, ses interventions sont pleines de truculence. Emmanuelle Bougerolle est Marthe la servante qui anime cette bien triste maisonnée. Gaétan Borg (qui joue en alternance avec Cédric Revollon) est le cousin de Marthe, celui par qui les masques tomberont.
Tout comme « Tempête en Juin », c’est un spectacle à ne pas manquer.
Jusqu’au 4 Janvier 2020 au théâtre de la Bruyère.
Photo Karine Letellier
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