C’est Annick Le Goff qui a eu l’idée d’écrire cette histoire basée sur la biographie d’Evelyne Bloch-Dano sur Alexandrine Zola, l’épouse dans l’ombre du géant Emile Zola totalement méconnue et qui l’a proposé à la merveilleuse Catherine Arditi pour qu’elle campe cette Madame Zola qui était une femme d’exception. Elle a eu une vie digne d’une héroïne d’un des nombreux romans de son époux : orpheline à 7 ans, elle sait à peine lire et devient blanchisseuse à 14 ans mais elle va se hisser dans la société pour devenir l’épouse d’un des écrivains les plus célèbres et devenir une femme embourgeoisée. Avec une vie riche en rebondissements, elle répond aux coups du sort avec une passion et un anticonformisme rare à cette époque.
Ainsi nous sommes en 1908 et les cendres d’Emile Zola ont été transférées au Panthéon ce jour, Alexandrine est chamboulée, c’est comme enterrer son mari une seconde fois, des souvenirs pénibles ressurgissent et c’est Fleury son pharmacien qui va recueillir ses propos sur ses secrets de famille. Autant Madame Zola et sa vie sont bien réelles, autant le personnage de Fleury (l’excellent Pierre Forest) est totalement inventé par l’autrice pour créer un dialogue plein de vie et d’échanges piquants. Leurs échanges ressemblent un peu à des séances de psychanalyse (science balbutiante à cette époque). Une relation particulière basée sur la confiance prend naissance au cours de ces échanges qui révèleront aussi la nature de Fleury.
La complexité de la personnalité de l‘héroïne est mise en valeur grâce à la mise en scène intelligente d’Anouche Setbon et aux lumières de Laurent Béal. Alexandrine oscille entre enthousiasme et dépression, elle invective à travers des soliloques autoritaires son défunt mari puis sombre dans une tristesse incommensurable. Une interprétation magistrale de la part des deux comédiens contribue à nous captiver au sujet de cette femme.
Oui c’’est vraiment une découverte de la vie d’Alexandrine Zola qui est proposée et qui mérite d’être approfondie car le personnage est complexe et passionnant.
Au Petit Montparnasse jusqu’au 1 er décembre 2019.