Les années 50, à New York. Le célèbre peintre Mark Rothko vient de recevoir une importante commande : réaliser d’immenses fresques d’un restaurant chic. Dans son atelier, Rothko donne des instructions à son nouvel assistant assez effacé, Ken, pour réaliser les mélanges de peintures, assembler les châssis, préparer les toiles… Le rapport de force entre Ken et Rothko va évoluer sur 3 ans et prendre un virage inattendu.
La pièce aux 6 Tony Awards de l’américain John Logan est un texte qui interroge, sur la relation du maître à l’élève, la reconnaissance artistique et du travail d’artiste, et aussi la définition de ce qui est de l’art, sa nature profonde. Nous découvrons tour à tour les doutes et les certitudes du maître et de son apprenti. Il y a aussi les compromissions en opposition avec les principes intransigeants du maître qui sont pointés par l’assistant au regard de plus en plus acéré.
L’évolution des deux personnages est agréable et est interprétée avec justesse. Une mention particulière pour Alexis Moncorgé qui incarne brillamment cet assistant un peu timide et qui va s’affirmer. Niels Arestrup possède le personnage de Rothko avec ferveur, le rôle est taillé pour lui et Alexis Moncorgé (qui m’avait déjà séduite dans Amok il y a quelques temps) sait trouver sa place face à ce monstre. Juste si on pouvait remplacer les vraies cigarettes par des fausses, ce serait encore plus sympathique.
La mise en scène de Jérémie Lippmann m’a semblé un peu légère car les personnages sont assez statiques et cela m’a dérangé un temps mais il y a de grands tableaux qui descendent sur scène et soudain on se retrouve au cœur de la toile attiré irrésistiblement par ce Rouge superbement mis en valeur par les lumières de Joël Hourbeigt. Enfin, c’est ce que j’ai fait et j‘ai apprécié cette plongée : je ne suis pas sure d’avoir écouté tout le texte lors de ma contemplation admirative.
« – Qu’est-ce que tu vois ?
– Du rouge ! »
Au théâtre Montparnasse jusqu’au 22 Décembre 2019