Photo : Pascal Gély
Hermocrate, philosophe stoïque, sa vieille sœur célibataire Léontine et le prince Agis vivent en reclus loin des agitations du monde et de la tentation de l’Amour. Survient alors dans cette retraite campagnarde Léonide, princesse de son état, qui sous les traits d’un jeune homme avide de connaissance (Phocion) va bousculer la vie sans tumulte des trois protagonistes. Ainsi le cœur d’Hermocrate se trouble, Léontine se prend pour une demoiselle et Agis s’éprend de la princesse.
Marivaux nous offre une leçon d’amour grandeur nature avec tous les codes de l’amour balbutiant, leurs atermoiements, leurs troubles, leur émois, leurs regards. Il y a un revers que Marivaux nous livre aussi : c’est la cruauté du jeu amoureux avec ses mensonges et manipulations. En fait, nous assistons à un mélange entre les deux et c’est très réussi car la richesse du vocabulaire choisi permet toutes les nuances de l’amour de s’exprimer. C’est écrit avec finesse et humour, on rit avec plaisir.
La mise en scène sympathique de Denis Podalydès permet aussi de souligner toutes les nuances dans les gestes, regards et attitudes. Il faut noter que la scénographie d’Eric Ruf permet à Léonide/ Phocion de butiner auprès de ses trois victimes avec une admirable grâce.
C’est Leslie Menu qui incarne Léonide/ Phocion avec brio et Philippe Duclos qui est un Hermocrate plus vrai que nature. Le reste de la troupe est à l’image du reste : c’est une réussite !
On notera aussi l’ambiance musicale apportée par Christophe Coin au violoncelle très agréable et à propos.
C’est la première fois que je voyais cette pièce de Marivaux, et je suis ravie de l’avoir découverte.
Aux Bouffes du Nord jusqu’au 13 Juillet 2018