La nouvelle création de la Compagnie Thomas Le Douarec est l’adaptation d’un chef d’oeuvre de la littérature russe : « l’idiot » de Dostoïevski. Comment adapter cet épais roman sans lasser le public ou zapper des épisodes importants du roman ? Il fallait un travail précis pour proposer une adaptation passionnante en 2h30 sans entracte. Décidement les pièces de 2h30 sans entracte sont à la mode au théâtre 14, après Hamlet, voici l’Idiot !
L’histoire : le prince Mychkine est de retour en Russie après une longue convalescence en Suisse. Il rencontre Rogojine dans le train et prend connaissance des derniers potins de la bonne société de St Petersbourg grâce à Lebedev. Possédant une vision du monde un peu particulière et fondamentalement bon, le prince sera accepté dans cette société russe hypocrite et décadente qui le surnomme l’Idiot mais aura du mal à trouver sa place.
La pièce se divise en deux parties : la première jusqu’à l’anniversaire de Nastassia Philippovna est un vrai bonheur. C’est dynamique, intéressant, je suis restée sous le charme de cette partie, d’autant que les comédiens ont de beaux costumes qui correspondaient bien à l’image que je m’en faisais. La seconde partie est plus difficile à appréhender car découpée en de nombreuses petites scènes elliptiques qui cassent le rythme et le denouement n’est pas à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre. J’aurai préféré un entracte et plus d’explications.
Le casting masculin a particulièrement retenu mon attention tant ils ont tous été excellents : Arnaud Denis est un prince parfait : il oscille entre naiveté et bonté avec justesse. Gilles Nicoleau campe un Rogojine plus vrai que nature, Bruno Paviot est un lebedev veul à souhait, Fabrice Scott est un Ganiavolguine réaliste et Daniel-Jean Colloredo qui incarne les deux généraux (Epantchine et Ivolguine), m’a séduite avec ses deux personnages.
Pour la distribution féminine : Caroline Devisme joue une Nastassia plutot en retenue, j’ai assez apprécié son rôle dans ce registre. La jeune Marie Oppert fait sans doute preuve de trop de fougue et son texte est plus souvent crié qu’à son tour, c’est un peu dommage. Marie Lenoir et Solenn Mariani sont justes.
Un point m’a surprise : pourquoi le décor est il aussi triste ? Deux estrades en tout et pour tout et le rideau noir au fond présent presque tout le temps qui plombe un peu l’ambiance. des projections auraient égayé la pièce. Non ?
Au théâtre 14, jusqu’au 30 Juin 2018