Les créanciers … l’article défini est important dans le titre de cette pièce. Ainsi, on sait qu’ils sont plusieurs et on se doute que le règlement des créances ne va pas se faire sur le mode Bisounours.
L’histoire démarre lors de la villégiature sur la cote nordique d’Adolf et Tekla, quand Gustav propose à Adolf (artiste sur le déclin à cause d’une maladie) de lui révéler la source profonde de sa dépression : une histoire d’amour et du coût de celle-ci.
L’auteur suédois Strindberg fait donc évoluer trois personnages mais ils ne sont que deux à la fois sur scène dans des face à face intenses entre Gustav, l’ex-mari, Adolf le mari et Tekla l’épouse, que je qualifierais d’affrontements.
Cette ‘tragi comédie’ ainsi qu’August Strindberg l’a définie lui-même, est un huis clos où la tension dramatique va monter très haut puis des pointes d’humour (assez noir, admettons-le) ‘ré -humaniseront’ un peu les personnages et obtenir un tel résultat où les émotions sont si contrastées n’est pas chose aisée… Cependant grâce au casting, surprenant à première vue, des trois protagonistes, et à la mise en scène brillante d’Anne Kessler. Les déplacements des comédiens sont chorégraphiés avec bonheur. Le ballet des corps est réussi : on y ressent des frôlements sensuels et puis l’instant suivant la violence des propos assénés.
© Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française
Didier Sandre dans le rôle de Gustav mène cette danse avec brio usant d’humour et de méchanceté à point nommé, Sébastien Pouderoux oscille juste comme il faut entre bonheur et désespoir et Adeline d’Hermy, bien qu’un peu grimaçante au début de la pièce, trouve parfaitement sa place en jouant tour à tour l’ingénue puis la manipulatrice.
Oui c’est une pièce où tout le monde joue sur une large palette et c’est très réussi.
Au Studio théâtre de la Comédie Française jusqu’au 8 Juillet 2018.
© Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française