Alabama 1887, la guerre de Sécession est finie depuis un peu plus de 20 ans mais le Capitaine Keller semble regretter cette période où l’Alabama faisait parti des confédérés. Il doit accueillir sous son toit une jeune femme du nord, Annie Sullivan (oui une Yankee, n’ayons pas peur des mots !) qui vient prendre soin de sa fille Helen, sourde et aveugle depuis ses deux ans avec des méthodes nouvelles afin de faire sortir Helen de son état sauvage et sans communication avec son entourage qui subit ses colères et caprices. Annie va devoir, non seulement apprivoiser Helen mais aussi se ‘battre’ contre les préjugés et mauvaises habitudes que le reste de la famille a prise avec Helen.
Pierre Val, qui en plus de jouer le rôle du père de famille, signe l’adaptation du roman de William Gibson et la mise en scène de cette pièce. Le ton est choisi avec soin car nous ne versons ni dans le pathos, ni dans la caricature. On se croirait vraiment au cœur d’une famille de la fin du 19 eme siècle des Etats unis. On sourit même par moment car il y a de jolis, voir même drôles, moments de vie familiale. Le décor, les lumières et la scénographie servent à merveille le déroulé de la pièce.
En plus de l’adaptation et de la mise en scène, il faut aussi admirer le jeu des six comédiens, très justes. D’abord il y a Lilas Mekki , jeune comédienne sourde qui incarne superbement une Helen pleine de vitalité et de rage. En face d’elle, dans le rôle d’Annie, il y a Stéphanie Hédin qui campe avec force une éducatrice qui a compris ce qui permettrait d’apprivoiser Helen : faire son éducation.
Les quatre autres membres de la famille sont aussi excellents : Valérie Alane dans le rôle de la mère qui a été dépassée pour gérer Helen, Julien Crampon le demi-frère, Marie Christine Robert, la tante et évidement Pierre Val, le père.
Le plus de cette pièce, c’est son rythme prenant et l’intensité dramatique qui monte progressivement. Nous sommes happés par cette histoire qui donne envie de lire le roman d’origine. Et ça c’est un signe qui ne trompe pas, on a envie de se replonger dans cette ambiance sudiste de fin du 19 eme et de revivre les aventures d’Helen.
Il faut y aller !!! Label R42 pour cette pièce !!!
Au theatre La Bruyère, jusqu’au 31 Mars 2018