Samantha Markowic a écrit Justice après avoir suivi de nombreuses séances de comparutions immédiates au Palais de justice de Paris.
La pièce Justice est un ensemble de courtes scènes synthétisant tout ce qui l’a marqué lors de ces audiences, avec néanmoins un fil rouge : les différents passages d’un jeune, nommé Mohamed Ali, au tribunal.
Délinquants, roms, apprentis djihadistes mais aussi cleptomane compulsive, raciste et étudiant bizuteur vont croiser le procureur ou le juge. Les trois comédiennes présentes ce jour là, enchainent les scènes avec changement de roles en mode grand écart réussi : elles passent du déféré au fonctionnaire de ministère de la justice avec une facilité déconcertante et surtout beaucoup de fluidité. On sent leur implication dans la pièce. Les audiences sont frappantes, on ne tombe pas dans le cliché et elles nous font nous poser des questions sur les limites de la justice et sur la facilité avec laquelle on peut basculer dans l’illégalité.
Aucun temps mort, la mise en scène est dynamique. Le décor, réalisé uniquement avec des dossiers empilés partout qui peuvent astucieusement devenir chaise ou bureau (mention spéciale pour le fauteuil du juge en hauteur), est ingénieux. Les comédiennes sont habillées de gris, couleur passe partout, qui leur permet de changer de rôle sans difficulté. J’ai vu la distribution avec Camille Chamoux, Camille Cottin et Samantha Markowic. Ces trois là ont été fabuleuses mais je suis sure que les trois autres comédiennes le sont aussi.
Au final, un tableau de notre justice qui nous fait nous interroger sur son fonctionnement et ses limites… Une pièce nécessaire de nos jours.
Au théâtre de l’Oeuvre jusqu’au 31 Mars 2018