‘Orphée et Eurydice’ reste toujours un de mes mythes préférés et c’est pour ça, alors même que je garde fraichement en mémoire la version proposé au TCE la saison passée par Robert Carsen, que j’ai eu envie de voir cette version d’Aurélien Bory à l’Opéra Comique.
C’est l’opéra en 4 actes de Gluck créé au XVIII ème siècle et remanié par Berlioz en 1859 qui est donné dans la salle Favart. Cette version conserve les caractéristiques d’origine : une œuvre courte et resserrée sur les protagonistes et donnant un rôle magnifique au chœur.
Orphée est en deuil, sa douce Eurydice n’est plus. Amour, messager des Dieux, lui annonce qu’il peut se rendre aux Enfers pour la reconduire parmi les vivants. Mais attention il y a une condition et non des moindres, il ne devra pas se retourner vers elle pendant tout le trajet qui les ramènera dans le monde des vivants. On devine quel supplice ce sera pour Orphée de ne pouvoir regarder sa chère et tendre pendant leur marche vers la renaissance. On connait le dénouement tragique de l’histoire…
Si j’avais quelques réticences de voir le rôle d’Orphée tenu par une femme, elles furent bien vite balayées ! Marianne Crebassa, qui avait déjà joué le rôle-titre dans Fantasio, est exceptionnelle. Parfaitement à l’aise avec le rôle, la jeune femme nous fait vibrer avec sa voix sublime. Ses deux camarades de scène Hélène Guilmette (merveilleuse Eurydice !) et Léa Desandre (fantastique Amour ! ). Les qualités vocales de ces artistes ne sont plus à démontrer, j’étais sous leur charme. L’ensemble Pygmalion qui assurait les chœurs m’a aussi séduite, le passage des Enfers du second acte est splendide et fort en émotion.
Evidemment les chants sont portés par la musique et la partition jouée par les musiciens de l’ensemble Pygmalion (ils savent tout faire !) est impeccable et la direction stricte de Raphaël Pichon est parfaite, il donne les impulsions avec une précision millimétrée. J’ai beaucoup aimé cette version revue par Berlioz, qui différait de celle du TCE ,car elle est très tranchée, donne une belle dimension à l’œuvre et propose un fin terrible qui même si elle parait assez brusque est la vraie fin du mythe.
Ensuite, il y a la mise en scène et je dois dire que le premier acte se dispute la première place dans mon cœur avec le second tellement j’ai apprécié le dispositif tout en reflet et ombre proposé par Aurélien Bory : le pepper’s ghost. Il s’agit d’un miroir positionné d’une façon si particulière que nous voyons la scène sous deux angles différents. On ajoutera à cela un travail sur les lumières très méticuleux.
Je crois que c’est quand même le premier acte qui a ma préférence car dans celui-ci, il y a la saisissante apparition d’Amour et sa prestation physique en plus de la prestation vocale m’a laissé bouche bée. Amour est accompagné de 6 danseurs/circassiens (que je vais citer car ils le méritent : Claire Carpentier, Élodie Chan, Tommy Entresangle, Yannis François, Margherita Mischitelli et Charlotte Siepiora) qui interviennent plusieurs fois dans l’opéra.
Une soirée recommandable à plus d’un titre !
A l’Opéra Comique jusqu’au 24 Octobre 2018.