C’est la fin de saison mais pas la fin des bons spectacle : la programmation de l’Opéra Comique mérite toujours le détour cet été !
En présentant ‘Bohème, notre jeunesse’, l’Opéra Comique suit son fil conducteur de faire connaitre l’opéra au plus grand nombre et c’est vraiment réussi avec cette oeuvre tirée du répertoire de Giacomo Puccini qui a été adaptée et raccourcie de moitié par l’excellent Marc-Olivier Dupin et mise en scène par la talentueuse Pauline Bureau (mon choc de l’année dernière pour sa pièce ‘mon Coeur’). Attention qui dit raccourci, ne dit pas une version simplifiée mais une version concentrée sur l’essentiel : les personnages et la tempête de leurs sentiments fougueux propre à leur jeunesse.
Mais qui dit raccourci, dit aussi une version mobile pour permettre une tournée facilement avec seulement 8 chanteurs, 13 musiciens et des décors mobiles en 2019 entre autre en Normandie et région parisienne toujours dans l’optique d’aller à la rencontre de nouveaux publics. On ne peut que saluer la démarche !
L’histoire : dans le Paris de la Belle Epoque en travaux, de jeunes gens sans le sou mais plein d’espoir veulent vivre de leur art comme Rodolphe poète ou Marcel peintre. De jeunes gens qui profitent de leur jeunesse et qui ont des amoureuses : Mimi et Musette. C’est donc l’histoire de ces quatre là qui va se dérouler sous nos yeux. Le romantisme sera au rendez vous mais la réalité de l’époque aussi.
Par où commencer tellement il y a à dire ?
La mise en scène précise et actuelle de Pauline Bureau avec de nombreux décors vidéo totalement intégrés dans l’histoire. C’est dans ce genre de spectacle où la vidéo est au service des comédiens et se confond avec le reste du décor qu’on apprécie toutes les possibilités offertes et pour une artiste sensible comme Pauline Bureau, le rendu est merveilleux.
L’adaptation musicale de Marc-Olivier Dupin est sensationnelle : cette association des instruments de l’époque (dont une voluptueuse harpe qui m’a émerveillée) aux sons si particuliers de l’accordéon et du xylophone et on tient là une recette magique ! Quelle belle trouvaille ! Il propose comme Puccini, une partition riche et colorée, adaptée pour son petit nombre de musiciens.
L’orchestre restreint (à dessein) des Frivolités Parisiennes mené par une Alexandra Cravero dont la direction est exemplaire, est parfait comme d’habitude. J’ai beaucoup aimé la direction musicale précise et tonique.
Les chanteurs sont tous superbes : la palette de nuances pour Sandrine Buendia, qui incarne Mimi, est extremement riche, Kévin Amiel est un ténor charmant en Rodolphe. Ces deux là forment un couple assorti que l’on oppose facilement à l’autre couple Musette, Marie Eve Munger (qui a été mon coup de coeur de la soirée) avec son rôle de femme qui sait ce qu’elle veut et son amant Marcel (Jean-Christophe Lanièce) qui vivent une passion dévorante et explosive. Dans les rôles secondaire, c’est le personnage de Colline (Nicolas Legoux) qui m’a beaucoup touchée par sa belle voix chaude.
Au final, l’émotion m’a submergée et c’est plutot rare alors je le signale car c’est un très bon signe.
Cet opéra d’après Puccini, revu par Marc-Olivier Dupin est une merveille de romantisme.
A l’Opéra Comique, jusqu’au 17 Juillet 2018 puis en tournée les 16 et 17 Avril 2019 au théâtre Jean Vilar de Suresnes, les 16 et 17 Mai au théâtre Montansier de Versailles et de Novembre à Janvier 2020 en tournée en région Normandie.