« Argent trop cher, trop grand ! »
Cet Avare mis en scène par Ludovic Lagarde est cinglant et jouissif en même temps. La chanson de Téléphone en titre n’aurait pas dépareillé dans cette pièce tant le metteur en scène propose une version violente de ce classique de Molière.
Dans une demeure, devenue un entrepôt contemporain, les enfants d’Harpagon se découvrent chacun amoureux et élaborent une stratégie pour présenter ce doux penchant à leur père, avare à souhait, qui a d’autres projets matrimoniaux pour eux.
La scénographie imaginée par Ludovic Lagarde et Antoine Vasseur pour transformer le plateau au gré des différentes scènes est superbe, je vous laisse la découvrir. Alors certes, tout est décomposé et on pourrait s’y ennuyer car la pièce semble s’étirer. Mais il faut au contraire, admirer l’ingéniosité des déplacements du décor et le positionnement des comédiens, leur regards appuyés car ils contribuent sans conteste à cette ambiance si particulière qu’a voulu le metteur en scène.
Harpagon, interprété à merveille par Laurent Poitrenaux, est tyrannique à souhait, il règne comme un pacha sur sa maisonnée. La mesquinerie dont il fait preuve est exquise, on rit certes mais on rit jaune devant tant de cynisme. Car oui, l’Avare est une comédie mais une comédie bien acide !
La distribution autour de Laurent Poitrenaux est parfaite, chacun est à sa place et la tient fort bien.
Mes scènes préférées sont bien celles que je préférais dans le roman de Molière : l’algarade de Maitre Jacques par Valère et la scène où Frosine brosse le portrait de Marianne à Harpagon. Mais il y a une surprise pour le final et je dois dire que cette fin possède un cachet très particulier qui mérite qu’on reste assis les 2h50 de la pièce.
A l’Odéon du 2 au 30 Juin 2018.