Manon, destinée au couvent par sa famille, est bien jolie du haut de ses 16 ans et le jeune chevalier Des Grieux ne s’y trompe pas en fondant d’amour pour elle. Il l’enlève et tous deux partent vivre leur passion à Paris et de nombreuses aventures… Jusqu’à la fin déchirante…
En remettant au gout du jour ce Manon de Jules Massenet (joué pour la première fois en 1884), l’Opéra-Comique nous permet de découvrir un réquisitoire sur la condition des femmes du XIX siècle qui ne sont guère mieux traitées que des morceaux de viande, destinées à être vendues.
C’est le talentueux Olivier Py qui met en scène, sa vision de Manon va s’exprimer pleinement, fidèle à son style : Le ton est donné dès l’introduction avec un défilé particulier qui traverse la scène, il y aura des corps présentés tout au long de la soirée, des corps dénudés, des corps emmêlés,… Ce sera donc une mise en scène très sensuelle avec des passages nécessaires et bienvenus par la sobriété pour certaines scènes, mais ce sont les corps, masculins comme féminins, qui vont parler le plus souvent ! Il y a notamment cette scène sublime en ombres chinoises et d’une sensualité folle dans le dos de l’abbé Des Grieux avec des danseurs vraiment magnifiques qui se fondent l’un dans l’autre.
J’ai beaucoup aimé les décors ingénieux de Pierre-André Weitz, qui glissent sur des rails pour nous proposer en un clin d’œil une ruelle sombre, des chambres d’une maison close ou une cellule quasi monastique de l’église st Sulpice. C’est lui aussi qui a proposé la scénographie qui est vraiment superbe.
Du côté de la fosse, Marc Minkowski mène en maitre absolu l’orchestre des Musiciens du Louvre, et nous livre une musique riche en subtilités.
Sur scène, commençons par Patricia Petibon : C’est une Manon maitresse femme dont le talent est immense (elle avait déjà fait chavirer mon cœur pour Orféo ed Euridice il y a un an au TCE).
Elle est magnifiquement entourée : Fréderic Antoun est un chevalier Des Grieux en totale harmonie avec Manon, sa voix est puissante et vibrante d’émotion. Le baryton Jean-Sébastien Bou est un Lescaut fort réussi ! Guillot et monsieur de Brétigny incarnés par Damien Bigourdan et Philippe Estèphe m’ont beaucoup plu aussi. Mais celui pour qui j’ai eu un coup de foudre c’est le baryton basse Laurent Alvaro dans le rôle du père du chevalier Des Grieux : Quelle puissance ! Quelle force ! Le reste des chanteurs et le chœur de l’Opéra national de Bordeaux sont tous irréprochables !
J’ai donc passé une superbe soirée que je recommande à tous.
Les 7, 10, 13, 16,19 et 21 Mai 2019 à l’Opéra-Comique