Paul Celan, poète luttant contre l’indifférence et l’oubli, reçoit en 1960 le Prix littéraire Büchner et prononce à cette occasion son discours Le Méridien : à travers sa lecture du théâtre de Georg Büchner et plus spécifiquement de sa nouvelle ‘Lenz’, Paul Celan livre sa vision singulière de l’art et de la poésie. Nicolas Bouchaud, seul sur scène, s’empare des mots de Paul Celan pour nous livrer un texte qui n’était pas destiné à la scène. Encore une réussite ! Je reste admirative du travail de Nicolas Bouchaud. Comment fait il pour mémoriser et restituer tout ça avec brio et aussi une certaine connivence avec le public ?
La pièce dure 1h10 seulement mais on est transporté grace à Nicolas Bouchaud dans un univers autre… L’élocution et le phrasé du comédien permettent de rendre vivant ce discours.
J’ai particulièrement aimé sa façon de réciter le poème Fugue de mort (extrait):
« Lait noir du petit jour nous le buvons le soir
nous le buvons midi et matin nous le buvons la nuit
nous buvons et buvons
nous creusons une tombe dans les airs on y couche à son aise
Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit
qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or Margarete
il écrit cela et va à sa porte et les étoiles fulminent il siffle pour appeler ses chiens
il siffle pour rappeler ses Juifs et fait creuser une tombe dans la terre
il nous ordonne jouez maintenant qu’on y danse »