
Lorsqu’on présenta Clara, âgée de 7 ans, qui jouait du piano à l’oreille et pouvait reproduire n’importe quel morceau écouté, à Anton Door en 1902, il déclara que c’était une enfant prodige. Le destin unique de la virtuose, marqué fortement par des évènements dramatiques, est écrit avec beaucoup de finesse par Serge Kribus : de la Roumanie à Paris en passant par Vienne et New York, nous découvrons la vie de la pianiste.
Une vie agitée : Un oncle autoritaire que s’autodésigne comme son manager et qui l’emmène loin de sa mère et de ses sœurs alors qu’elle a 8 ans pour ‘sa carrière’, son passage au Conservatoire de Paris sous la direction inflexible d’Alfred Cortot, sa santé fragile, deux guerres mondiales…
‘Clara Haskil, prélude et fugue’, revient pour une seconde fois au théâtre du Rond Point et c’est suffisamment rare pour attirer notre attention. C’est l’ex top model Laetitia Casta qui est face au public pour sa première fois sur les planches, presque un seul en seul en scène mais pas tout à fait. Elle est accompagnée par la fabuleuse artiste Isil Bengi au piano. Oui le piano va tenir une grande place dans cette histoire, c’est normal qu’il réponde à Clara au fil des évènements de sa vie tumultueuse. Les deux femmes sont le miroir l’une de l’autre. Le jeu de Laetitia Casta permet de donner vie à Clara , elle porte pendant une heure trente l’histoire avec force et conviction. Elle se ressource lors des interludes musicaux proposés par Isil bengi : Schuman, Debussy, Mozart,… Un vrai dialogue entre la comédienne et la pianiste, une complicité évidente qui est ressenti par toute la salle.
Safy Nebbou propose une mise en scène tirée au cordeau où les passages musicaux illustrent l’histoire délicatement racontée par Clara, sa famille et ses amis, mais aussi on sent le réconfort apporté par le fait de jouer pour cette jeune femme fragile. Toute la sensibilité de l’ouvrage de Serge Kribus a été très bien retranscrite. Un spectacle à déguster !
Au théâtre du Rond Point jusqu’au 26 mars 2023