Orphée et Euridice est sans doute un des mythes qui m’a le plus marqué quand j’ai découvert la mythologie à l’école et que j’ai décidé d’approfondir le sujet avec des ouvrages spécialisés. Quel supplice pour Orphée de ne pouvoir regarder sa douce Euridice pendant qu’il la ramène vers la terre des vivants !
Lorsque Gluck propose ce mythe en 1762, il révolutionne le genre de l’opéra : une oeuvre courte (1h30) resserrée sur ses principaux protagonistes et surtout un rôle magnifique et important pour le choeur.
Si je dois trouver un défaut, c’est bien la durée de cet opéra : c’est trop court !!! (je n’ai pas souvent l’occasion de dire ça).
Photo : Vincent Pontet
Sinon, j’ai succombé au charme des trois actes progressivement :
Acte un : c’est l’enterrement d’Euridice dans une morne plaine grise que j’ai eu du mal à apprécier sur le moment mais qui me semble parfaite après réflexion. Philippe Jaroussky m’a semblé un peu faible mais les positions, à genoux ou allongé par terre, ne doivent pas favoriser sa voix d’ange. L’arrivée d’Amour (la splendide Emöke Barath) le fait se relever, prêt à affronter les Enfers.
Acte deux : Orphée rencontre les ombres infernales qui veulent le punir d’oser venir sur leur territoire. Les morts de l’enfer donne de la voix, c’est magnifique ! La scène rougeoie, les morts sont assis sur leurs linceuls. Visuellement, c’est réussi : on se croirait bien en enfer. Vocalement, je comprends l’importance du choeur et l’apprécie pleinement. Philippe Jaroussky les charme avec la douceur de sa voix. Il retrouve sa bien aimée.
Acte trois : Euridice (Patricia Petibon excellente), réveillée des ombres, suit Orphée mais le supplice commence pour Orphée car elle veut le regarder, l’embrasser, se serrer dans ses bras et il ne peut faire cela… On souffre avec lui…
La direction de Diego Fasolis ne souffre d’aucun défaut, c’est un bonheur de suivre le « terremoto » et l’orchestre Barrochristi, composé de spécialistes renommés, livre une prestation sans faille.
La mise en scène du canadien Robert Carsen peut sembler fade ou triste mais en fait, il faut cette sobriété. Elle est nécessaire pour permettre aux voix du choeur de donner toute leur puissance émotionnelle. Le choeur, c’est celui de Radio France et il est excellent évidemment dans cette oeuvre qui le met si bien en valeur.
Photo : Vincent Pontet