Danse

Notre Dame de Paris

Photo Yonathan Kellerman

Pour les fêtes de fin d’année, 60 ans après sa création, le ballet de Roland Petit retrouve l’Opéra dans toute sa splendeur.

En moins de deux heures, le chorégraphe réussit à capturer l’esprit du roman de Victor Hugo à travers treize tableaux et deux actes efficaces qui vont droit au but.

La mise en scène plutôt minimaliste – quelques lignes architecturales suggérant la cathédrale et deux cloches – met en valeur les costumes flamboyants d’Yves Saint Laurent du corps de ballet, véritables kaléidoscopes de couleurs et de formes géométriques rappelant les vitraux gothiques de Notre Dame. La partition moderne et percutante de Maurice Jarre, souligne l’état d’esprit et la psychologie des protagonistes sous la baguette talentueuse de Jean François Verdier.

Sans prothèse, Hugo Marchand suggère la difformité par sa seule gestuelle : épaule relevée, mouvements brisés, saccades tremblantes, corps tordu. Méconnaissable, il compose un personnage déchirant, malmené par la foule dans une scène brutale. Sa puissance technique éclate dans ses variations tandis que ses duos avec Esmeralda touchent par leur délicatesse, notamment au deuxième acte.

La chorégraphie du rôle d’Esmeralda multiplie les séductions : équilibres aériens, arabesques fluides, jeux d’épaules. Amandine Albisson illumine la scène de son énergie communicative, passant de l’insouciance à la terreur avec naturel.

Vêtu de noir, Pablo Legasa incarne l’archidiacre Frollo tourmenté entre désir et foi. Son corps concentre toute la tension sexuelle refoulée. Ses bonds nerveux expriment une rage intérieure prête à exploser. Dans la scène nocturne où il épie Phoebus et Esmeralda, il se déplace avec l’agilité féline d’une panthère noire. Sa violence envers Esmeralda et ses sauts traduisent sa folie.il sera particulièrement ovationné par le public.

Coiffure blonde, culotte de cuir noir et cape azur, Antonio Conforti campe un capitaine Phoebus vaniteux et lubrique. Ses mouvements lascifs et son arrogance affichée servent parfaitement ce personnage fat et creux.

Le public applaudi fortement  toute l’équipe à la fin du spectacle.

Au-delà de son esthétique ingénieuse, ce ballet porte un message fort :  le combat de Victor Hugo contre la peine capitale et dénonce une société qui rejette la différence – un propos toujours actuel.

A l’Opéra Bastille jusqu’au 31 décembre 2025

Photo Yonathan Kellerman

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