Théâtre

Le Dîner

Paul et Claire, son épouse, ont rendez-vous avec Serge, le frère de Paul, et sa femme dans un restaurant à la mode d’Amsterdam où il faut normalement réserver trois mois à l’avance. Serge, étant un leader politique d’opposition ayant le vent en poupe, a trouvé une table sans attente évidemment. Paul n’a pas vraiment envie de s’y rendre pourtant il le faut. Oui il faut car les fils de Paul et Serge (qui sont donc cousins) ont commis quelque chose de très grave. Et c’est donc au cours d’un diner huppé où tous les plats seront commentés par un maitre d’hôtel pompeux à souhait, qu’il faudra aborder l’avenir de ces deux familles.

Qu’on t’ils fait les deux cousins ? On l’apprend au cours des différents apartés que fait Paul quand il se lève de la table qui est dressée pour quatre convives et nous parle depuis un pupitre. Les révélations sont distillées avec parcimonie laissant le spectateur en attente de connaitre la chute de l’histoire. La tension est de mise tout au long du récit de Paul. Il faut attendre le dessert pour que tout explose.

Riche d’une tension dramatique permanente, le roman d’Herman Koch se prête superbement à une adaptation théâtrale. En choisissant de ne confier qu’à Bruno Solo tous les rôles via une lecture théâtrale, Jean Benoît Patricot (adaptation) et Catherine Schaub (mise en scène) font un choix très particulier et plutôt audacieux : le spectateur est plongé dans la tête de Paul. Cela permet de comprendre sa perception des évènements, ses valeurs, sa morale et ses petits arrangements avec la vérité. Certes la lecture freine l’expressivité du comédien mais cette lecture, est belle et bien habitée. Bruno Solo nous propulse dans ce restaurant avec lui et nous suivons comment chemine l’esprit particulier de Paul. Nous ne sommes pas clairement pas prêts pour ce qu’il va se dérouler sous nos yeux. Bruno Solo tient tous les rôles avec une efficacité remarquable.

Le drame tient en une heure mais beaucoup de questions sont survolées et l’on s’interroge quand à l’éducation de ces jeunes, les valeurs qu’ont leur parents et puis la sempiternelle question : et vous, qu’auriez vous fait à la place de Paul et Serge ?

Il faut voir cette pièce comme une mise en bouche pour un débat de société.

Au théâtre de l’Atelier jusqu’au 1er décembre 2024

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