Concert classique

Simon Boccanegra


Photo : Vincent Pontet

En mars 1856, Verdi se rend à Venise pour mettre en scène La Traviata et reçoit une commande du théâtre de la Fenice pour un nouvel opéra pour le carnaval de carême de 1857. Il choisit Simon Boccanegra tiré d’un drame de l’écrivain et poète espagnol Antonio Garcia Gutierrez paru en 1843.

Giuseppe Verdi explore, dans cet opéra peu connu du grand public, les relations entre un père et sa fille et les rouages du pouvoir. Comme d’habitude chez Verdi, le message est politique. Le compositeur italien dissèque une nouvelle fois, la relation ‘père-fille’ mais aussi la lutte des classes et l’unité du pays qui est le sien et qui lui tient à cœur.

Au XIVe siècle, Gênes est déchirée par les luttes entre patriciens et plébéiens. Nommé Doge de la ville, le corsaire Simon Boccanegra espère retrouver Maria, la fille de Fiesco le patricien, qu’il a aimée autrefois. Fiesco, sachant que Maria est morte, décrète qu’il leur accordera son pardon à Simon le jour où celui-ci lui restituera sa petite-fille, Amelia, fruit des amours coupables de Simon et Maria mais Amalia a été enlevée et Simon la cherche désespérément. Puis Fiesco apprend à Simon que Maria est morte…

L’Opéra Bastille reprend Simon Boccanegra, mis en scène par Calixto Bieito et c’est sur un somptueux décor de Susanne Gschwender que s’ouvre notre histoire : un bateau échoué et décortiqué tel une nef fantôme qui tournoie lentement sur le plateau, révélant des espaces appropriés pour tous les drames à venir. Il sera accompagné de projections visuelles ingénieuses de la réalisatrice Sarah Derendinger : des gros plans des personnages principaux, permettant à tout le public de plonger dans les émotions qui transpercent les protagonistes. Cette mise en scène est une réussite alliant à la fois une certaine sobriété et une recherche du détail pour vivre plus intensément cette histoire.


Photo : Vincent Pontet

Niveau casting, c’est une distribution cinq étoiles qui nous est proposée et le public ne s’y trompe pas : une longue ovation finale qui salue le travail de tous :

Le baryton français Ludovic Tézier (Simon Boccanegra) et la soprano australienne Nicole Car (Amelia Grimaldi/ Maria Boccanegra  nous livrent des duos et des solos d’une qualité exceptionnelle. Leur voix s’accordent à merveille, c’est un bonheur de les écouter, l’émotion est présente dans leur jeu. Ils sont accompagnés par la très belle voix basse et intense du finlandais Mika Kares (Jacopo Fiesco) aux graves vibrants et profonds et aussi par le chant épuré du baryton Etienne Dupuis (Paolo Albiani). Le reste de la distribution est à la hauteur de ces chanteurs et le chœur de l ‘Opéra national de Paris dirigé par Alessandro Di Stefano nous propose, entre autre, une fin de premier acte totalement impressionnante. La direction d’orchestre, confiée à Thomas Hengelbrock, est parfaitement en accord avec la musique somptueuse de Verdi.

A l’Opéra Bastille jusqu’au 3 avril 2024



Photo : Vincent Pontet

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