
Quelle belle version de la Collection d’Harold Pinter livrée par Ludovic Lagarde !
Une version millimétrée où toute la scène est utilisée à bon escient ce qui fait qu’on ne se perd jamais entre l’appartement du couple Stella (la belle et mystérieuse Valérie Dashwood) et James (l’inquiétant et réjouissant Laurent Poitrenaux) ou le loft de Bill (un Micha Lescot excellent tout en ambiguïté) et son comparse (sublime Mathieu Almaric qui impose son personnage en douceur). Il faut dire comparse car on n’est pas bien sur de la nature des relations entre Bill et lui… On est dans le monde de Pinter, l’ambiguïté est reine !
La mise en scène précise de Ludovic Lagarde et les lumières particulièrement réussies de Sébastien Michaud servent le texte ciselé traduit par Olivier Cadiot.
Un autre titre de la pièce pourrait être : la vérité est ailleurs, car on passe notre temps à chercher ce qu’il s’est vraiment passé entre Stella et Bill à Leeds et chacun nous sert une version des faits qui peut être interprétée de plusieurs façon. Donc nous ne saurons pas ce qu’il s’est passé et quelque part ça ne nous dérange pas car les duels entre les comédiens sont fabuleux : regards échangés, langage des corps exacerbé, attitudes marquées, et propos sujets à interprétations multiples nous régalent. On navigue entre désir, jalousie, fantasme, mensonge et domination. Oui, on ne sait pas ce qu’il s’est passé et ce n’est pas grave !
Les quatre comédiens sont fabuleux mais il faut souligner que Micha Lescot réussi le tour de force de paraître à la fois fragile et terriblement provocateur mais aussi drôle, chapeau bas Monsieur !
A l’Atelier jusqu’au 25 juin 2023
